« Chaque temps fait ses hommes »

Qui d’autre qu’Henry de Monfreid* aurait pu dire cela ? Probablement Julian Hofmann, né en Allemagne en 1930, fondateur de Metallover en 1964, homme libre dont le parcours entrepreneurial et la vision ont correspondu à l’esprit de son temps : débuter dans la précarité, puis réussir à la force du poignet sans prêter le flanc à des sujets sociaux aujourd’hui cruciaux, mais quelque peu superficiels pour un homme de l’après-guerre. Le jour de son départ en 1998, face au conseil d’administration, il se retira sur un laconique « Messieurs, je ne peux plus vous aider ». Frédéric et moi-même prenions le relais.

Héritiers d’un modèle de gestion patriarcale qui ne nous correspondait guère, nous avions la chance de partager une idée commune de la conduite d’entreprise ; idée qui s’est peu à peu développée, puis incarnée dans un mode d’emploi définissant Metallover comme une entité dont l’organisation et le fonctionnement sont le résultat de l’intelligence collective des collaborateurs, cette dernière étant guidée par le postulat de se réaliser, de créer et de partager. De là, notre mission s’est naturellement définie : fabriquer des ouvrages métalliques et en verre structurel de haute qualité, restaurer le patrimoine bâti genevois dans le respect des valeurs humaines et des règles de l’art, conformément aux normes techniques et environnementales.

Nous ne croyons pas en la hiérarchie de pouvoir, car ce sont les compétences professionnelles et humaines qui placent chaque collaborateur à sa juste position. Notre structure se veut en constante évolution et s’adapte aux conditions et aux circonstances du moment. Depuis 25 ans, Metallover évolue, se transforme, s’étend et se recentre ainsi. La réalité reste le grand arbitre, les idées qui fonctionnent prenant de l’ampleur et mobilisant notre énergie, les autres s’estompant d’elles-mêmes. La croissance et le profit ne sont pas nos buts ultimes, mais de simples indicateurs de notre succès collectif. Nous croyons que le profit bien compris ne peut découler que de ce qui est juste.

Demain ? Metallover est un espace de fabrication, mais aussi de création, dans un métier où l’expérience et l’ingéniosité sont encore au pouvoir. Ici, pas de glacis intergénérationnel : les anciens ont besoin de cette formidable énergie de la jeunesse, tout comme cette dernière est en quête des savoirs acquis au fil du temps. Metallover restaure et entretient un parc bâti métallique et verrier genevois dont elle recense un demi-siècle d’historiques. Elle participe à la réalisation de projets privés ou publics qui, si l’on en croit les statistiques nationales, dureront entre 70 ans et 100 ans. À ce titre, elle veut dépasser le statut de dynastie entrepreneuriale, pour poursuivre son métier au service de l’architecture historique ou contemporaine. En ce qui concerne Frédéric et moi-même, nous sommes les hommes d’un temps qui se caractérise par une logique de travail plus consensuelle, participative et inclusive. Nous entrons désormais dans un univers économique que les professionnels de tous métiers devront partager avec l’intelligence artificielle, les bouleversements technologiques de la numérisation, et les enjeux environnementaux. Une nouvelle ère sans doute, où les volontés ne seront plus liées à la croissance et au profit, mais à la préservation du biotope, et par conséquent, de l’humanité.

Daniel Hofmann
Directeur associé

*Pour en savoir plus sur Henry de Monfreid

L’architecte Delphine Voellinger et Metallover inscrivent leurs noms dans l’histoire de Corsier-Port

Pensé en 2004, engagé en 2019 et finalisé en 2021, le projet de reconstruction du chantier naval de Corsier-Port aura fait couler beaucoup d’encre, et d’eau sous les ponts. Mais, la volonté des propriétaires, la fidélité des clients et la persévérance de l’architecte l’ont emporté sur des années de vents contraires et d’atermoiements. Delphine Voellinger, patronne de l’agence d’architecture ADVA, a magnifié la conception de son père Bernard Plojoux, et Metallover a dû répondre à l’enjeu de « faire mieux qu’à l’origine ».

Metallover. Quelle a été votre mission sur la rénovation de Corsier-Port ?
Delphine Voellinger. Il s’est agi d’une reconfiguration complète du site. Nous avons dessiné une digue longue de 150 mètres offrant une étendue d’eau pouvant accueillir jusqu’à 50 bateaux le long de pontons flottants . L’enrochement, en partie récupéré sur place, a été soigné tant dans sa partie fonctionnelle de protection, que dans son esthétique.
Les quais ont également été redimensionnés afin de favoriser les manutentions hors de l’eau. Dans la même logique, une nouvelle grue simplifie la manipulation des bateaux de grande taille. En lieu et place des anciens hangars en bois, une halle, métallique cette fois, a été construite et équipée d’un bardage bois en manière des bâtiments originels. Elle accueille la remise en cale sèche, les bureaux du chantier naval, un atelier mécanique, ainsi qu’une salle d’exposition.

©Symbiose Communication

Qu’apporte cette halle ultramoderne ?
Il s’agit en effet d’une installation très performante répondant aux normes antipollution, et en rapport avec les exigences du plus grand port à sec du lac Léman. Le toit est équipé de panneaux solaires et une pompe à chaleur garantit une température minimum de 5 degrés durant l’hiver. La halle peut accueillir des bateaux à moteur jusqu’à 25 pieds (7,5m). Le pont roulant hydraulique et électrique permet le stockage à 9 mètres de haut, mais également une remise à l’eau en moins d’une heure.

©Symbiose Communication

Comment s’est déroulé ce chantier ?
Le projet s’est étendu sur une période de près de 20 ans, avec de longues interruptions et des équipes qui se sont succédé. Lorsque nous avons engagé les travaux en 2019, nous avons fait appel à certains des spécialistes qui avaient monté le dossier initial, et qui, entre temps, étaient retirés. Nous nous sommes entourés d’experts pour gérer les données scientifiques relatives à l’eau, aux vagues, aux vents et à un grand nombre de paramètres spécifiques.
Il a également fallu synchroniser la démolition de l’ancien port avec la construction des nouvelles installations.

©Symbiose Communication

Qu’avez-vous confié à Metallover ?
Nous recherchions un atelier de serrurerie fine qui puisse comprendre l’architecture industrielle originelle du site, ainsi que nos exigences qualitatives pour tout ce qui relevait des fenêtres. Avec la marque historique MHB, dont elle est partenaire exclusive en Suisse, Metallover nous a offert une solution d’une grande technicité, d’une esthétique parfaite et de haute performance énergétique. Nous avons ainsi pu reproduire à l’identique les sections visibles des profilés d’origine datant de 1909, y compris dans leur matérialité en acier plein. Tout a été réalisé sur mesure, dans le respect des éléments historiques, systèmes d’ouverture, ouvrants, montants, meneaux, croisillons, etc. Nous sommes particulièrement satisfaits du résultat.
MHB est une entreprise tricentenaire avec qui Metallover a notamment collaboré pour le changement des 1052 fenêtres du Palais des Nations. Les plus belles villas du monde sont équipées de ces portes et fenêtres métalliques particulièrement esthétiques et bien finies.
Daniel Hofmann et ses équipes ont également su répondre au souhait du maître d’ouvrage de conserver une partie des structures existantes, en les rénovant et en les équipant de nouveaux vitrages.

©Symbiose Communication

Que retirez-vous de cette collaboration avec Metallover ?
Le plaisir de se comprendre aussi bien sur les aspects purement techniques que sur le supplément d’âme nécessaire pour obtenir un résultat architectural subtil, harmonieux et parfaitement abouti. Metallover incarne la plus belle expression de l’artisanat : l’amour de la tradition tout autant que la curiosité pour la technologie… Et de l’or dans les doigts.

À découvrir : www.fondation-mjvp1909.ch

Loïc Muriel : la voie intérieure

C’est dans le programme de réaménagement des espaces « Aile Jura » de la Bibliothèque de l’université de Genève que l’architecte d’intérieur Loïc Muriel fait aboutir sa réflexion spatiale et fonctionnelle sur la création de 10 oriels, merveilleux petits lieux clos mis à la disposition des étudiant-e-s pour s’isoler.
Metallover a eu le privilège d’en être le constructeur, tout au long d’une passionnante collaboration conceptuelle et technique.
Sept questions posées à notre donneur d’ordre pour comprendre ce magnifique projet plastique.

Metallover. Comment concevez-vous vos interventions en qualité d’architecture d’intérieur ?
Loïc Muriel. Puisqu’il s’agit généralement de repenser une distribution préexistante et d’en rendre heureuses les différentes fonctionnalités, je me consacre à l’habitabilité, la circulation, l’éclairage, le confort d’usage, mais aussi à l’harmonie et la poésie du lieu.
Mon mandat relatif à l’Aile Jura » consistait à faciliter l’accès et la consultation des 150 000 ouvrages que répertorie la Bibliothèque, sur une surface de 4000 m2 divisée en 3 étages et comptant environ 300 places de travail. Une réflexion qui m’a amené à me pencher sur l’hypothèse d’aires individuelles propices à la concentration et à la délectation du savoir.

©Luca Fascini photographe d’architecture

Vous avez donc ajouté dix oriels répartis sur les trois niveaux. Quel a été votre cheminement créatif ?
Il répond aux besoins fonctionnels exprimés ou perçus. Dans ces vastes salles réunissant les étudiants autour de tables communes, j’ai souhaité offrir une alternative intimiste qui soit également un point de repère spatial et une ponctuation esthétique.
J’ai conçu des espaces de verre de 2 m2, architecturés en encorbellement, suspendus au faux plafond et en appuis contre le plancher des mezzanines et les garde-corps clôturant les espaces.
Les parois en verre structurel translucide sont collées et ceinturent deux cadres métalliques invisibles formant le sol et le plafond.

L’inexistence de pièces d’assemblage apparaît comme essentielle dans le résultat final. Comment l’avez-vous rendue possible ?
Nous avons effectivement convergé vers l’idée d’épargner les oriels de tout système d’attache afin d’obtenir une lecture visuelle dénuée de technique et une sensation de bien-être et de flottement.
Cette mission, débutée en 2020 et achevée en 2022, est le fruit d’un formidable travail d’équipe ayant réuni des ingénieurs de talent, un expert du verre aux connaissances remarquables (Glas Trösch), et l’atelier genevois Metallover, dont la compréhension fine du projet, la maîtrise de la matière et l’exceptionnel savoir-faire artisanal ont été déterminants.

Comment avez-vous élaboré la coloration des oriels ?
Je l’ai imaginée sur la base du cercle chromatique de Johannes Itten. En partant des primaires et secondaires, que j’ai nuancées, j’ai composé une grammaire visuelle correspondant au lieu et à la nécessité d’une cohabitation harmonieuse des oriels. Grâce à l’orientation de l’aile Jura, qui est perpendiculaire au lever du soleil, l’on obtient naturellement des variations de tons subtiles, qui confèrent un caractère intangible à l’ensemble.

Il y a en effet un je ne sais quoi de l’univers du vitrail. Quelles ont été vos inspirations ?
Seulement l’inclination à une épure éloignée de toute idée de tendance, mais à destination du bien-être, de la stimulation des sens et dans le cas présent, de la possibilité d’être avec soi-même dans un espace d’étude public.

©Luca Fascini photographe d’architecture

Et l’éclairage ?
Il est assuré depuis les plafonds ; la bibliothèque prévoit l’adjonction de lampes d’appoint sur les tablettes de travail fixées dans les oriels

Comment les étudiant-e-s ont-ils réagi à l’adjonction des oriels ?
Ma proposition reposait sur ce besoin de s’isoler à un moment ou à un autre, au moment de l’acquisition des connaissances. Les oriels ont comblé cette nécessité et ont intégré naturellement le parcours de lecture. D’autre part, leur esthétique, entre autres par la couleur, stimule selon moi la créativité et la soif de savoir.

Maître d’ouvrage : République et Canton de Genève – Direction des rénovations et transformations
Direction des travaux : Pool Ailes , B+S ingénieurs Conseil SA

Loïc MURIEL _ Architecte d’intérieur
À l’issue de ses études, Loïc MURIEL se trouve rapidement aux affaires au sein d’un bureau d’architectes / architectes d’intérieur. Il se spécialise durant sept ans dans le tertiaire et la transformation d’immeubles de bureaux pour des compagnies internationales sur l’ensemble du bassin lémanique.
L’année 2001 est marquée par l’ouverture de sa propre entité et son travail porte une attention ciblée à la spatialité par l’imagerie permettant de conforter le parti architectural recherché propre à chaque nouvelle étude.
Les projets sont majoritairement des transformations ou des rénovations. Ils se doivent d’être variés tout en restant uniques et contemporains. Les travaux sont d’ordres privé ou public. Dès les premières études, l’analyse des lieux permet de reconnaître la valeur patrimoniale de chaque objet et les interventions restent respectueuses du bâti.
La formation d’architecte et d’«infographiste» permet le maintien d’une large autonomie dans les approches et apporte le privilège d’expérimenter de nouveaux champs d’applications. Au fil du temps et des collaborations, les projets s’enrichissent d’expériences, de techniques, de mises en œuvre, voire d’amitiés…
Sa passion pour le mobilier lui offre également la possibilité d’enseigner auprès de jeunes apprentis ébénistes et menuisiers ainsi qu’à des techniciens bois et architectes d’intérieur en formation.

Loïc MURIEL Architecte d’intérieur vsi – asai
Rue de Malatrex 50
1201 Genève
www.loicmuriel.ch
+41 22 344 344 5
info@loicmuriel.ch

« L’architecture est une architecture d’auteur » : Metallover s’entretient avec l’architecte genevois Philippe Meyer

Nos ateliers collaborent depuis plusieurs années avec Philippe Meyer, architecte et théoricien de l’architecture, éditeur, essayiste et designer. C’est inhabituel : pour lui, la capture de l’idée passe par l’écriture, puis le dessin. C’est un privilège que de l’interroger au-delà du projet, sur son appréciation de quelques substrats de l’architecture.

Metallover. Comment définissez-vous l’architecture ?
Philippe Meyer. L’architecture n’est pas une affaire de style. Reflet de son temps, elle ne peut être que contemporaine. La principale question qui demeure est celle de rompre avec la dichotomie architecture et urbanisme. Retrouver le lien indicible entre territoire et contexte, ne pas opposer rupture et continuité.
Échapper à un courant issu du monde de l’image qui, progressivement, fait davantage place au design qu’à l’architecture. Il est très difficile de définir une architecture ou son architecture. On peut définir un mode de faire, une approche. La nécessaire conjugaison d’un lieu et d’un thème.
La relation de cette conjugaison trouve inéluctablement sa traduction dans la matière et sa mise en forme, dans le détail et son expression.
La culture, la curiosité, l’apprentissage, ajoutés au fil du temps, s’inscrivent paradoxalement plus dans une notion de vitesse que de durée. L’impatience augmente avec la connaissance.

D’où vient la sagesse qui permit pendant tant de siècles d’implanter harmonieusement les villages ?
La sensibilité aux éléments environnants, cruciale, a amené les sociétés traditionnelles à la logique et à l’intelligence architecturale fonctionnelle.
Si l’architecture est par définition contemporaine, comme toutes le furent,
elle est aussi l’héritière atavique de savoirs antérieurs qui constituent son socle.

Y a-t-il une recette de la beauté ?
C’est un thème difficile ; la beauté est consubstantielle de l’architecture où il est question d’un travail plastique nécessairement lié à l’harmonie, à l’équilibre, au jeu de proportions ; mais sa véritable beauté se mesure dans son intemporalité.

Dans votre collaboration avec les corps d’état, les mettez-vous au défi ou êtes-vous techniquement consensuel ?
Je cherche à réaliser ce que je conçois et lorsqu’un artisan me répond que ce sera très difficile, je considère que c’est donc possible.
Nous élaborons souvent des projets complexes pour lesquels je demande une fabrication simple, évidente ; je fais confiance aux valeurs et au savoir-faire, mais aussi à l’ingéniosité et au plaisir de développer ensemble.
Il en est de même avec les clients, chez qui je scrute la richesse culturelle, la marque de l’histoire et l’idéal spatial. Je me souviens d’un projet parisien pour la Confédération helvétique, où j’ai appris presque par hasard que l’espace où je devais intervenir recelait onze meubles de Diégo Giacometti. De là, j’ai entièrement revu ma vision pour enrichir le lieu de leur dimension patrimoniale et de leur sacralité, en projetant un mobilier à leur service.

Vous dessinez donc du mobilier. De quoi partez-vous ?
Nous essayons toujours de produire une architecture répondant à un acte culturel, indifféremment de la dimension de l’objet, meuble ou immeuble. Je conçois l’un et l’autre sans faire de différence, la question de l’échelle est secondaire, car elle ne limite pas ma réflexion thématique.
Dans les projets de rénovation, le mobilier se potentialise parfois en élément de continuité du travail d’architecture. Nous le développons alors pour constituer un tout. Lorsqu’il s’agit d’un projet neuf, les meubles sont dessinés en fonction de l’atmosphère et de la matérialité recherchées, mais également de la fonction et du confort attendu. Un meuble doit toujours répondre à sa fonction, car sans cela, il n’est qu’objet.

Interview croisée : pourquoi Metallover soutient-elle le Chênois Genève Volleyball ?

Depuis plus de 20 ans, notre entreprise accompagne le club genevois dans le plaisir sportif et la quête du Graal.
Philippe Tischhauser, président du club, Jean-Baptiste Blazy, entraîneur de l’équipe et Daniel Hofmann, directeur associé de Metallover, échangent leurs idées autour de la notion d’idéal collectif.

Metallover. On dit que le sport est un exercice mental dont l’expression est physique. Qu’en pensez-vous ?
Jean-Baptiste Blazy. Le corps est le support de la quête de sens et la psychologie est consubstantielle de la pratique sportive. Dans le volley-ball, sport éminemment collectif, la notion de performance est liée à une forme d’alignement mental de l’équipe. Cet équilibre a un effet indiscutable sur la qualité du jeu.  

Comment fédère-t-on des athlètes a priori individualistes autour d’un idéal commun ?
Philippe Tischhauser. Le volley-ball, c’est l’objectif commun par excellence. S’il fait exister individuellement les sportifs par les qualités requises pour chacun des six postes, il ne s’incarne que par l’équipe et par extension, le club.
L’histoire est riche de victoires remportées par le « donné perdant », à l’exemple de celle de David face à Goliath. L’idéal commun, c’est l’identification de l’individu au collectif et la création d’une entité dont la force va au-delà de la somme des parties.
En 2021, notre club n’était pas favori en finale des play-offs du championnat suisse, face à la redoutable équipe d’Amriswil. Pourtant, nous avons remporté le titre avec une équipe en état de grâce. La raison ? Six hommes qui n’en faisaient plus qu’un.

Comment se produit ce fameux état de grâce ?
Jean-Baptiste Blazy. C’est un mystère. Mais, dans les sports collectifs, il est intimement lié à l’idéal commun et à une gloire individuelle subordonnée à celle du groupe. Le travail de l’entraîneur est technique, bien sûr, mais il consiste avant tout à faire l’assemblage de personnalités différentes et à créer un groupe homogène tout en conservant un dialogue personnel avec chaque membre de l’équipe. Une équipe est une entité composite qui fait coopérer des natures et des cultures diverses vers un but commun.

Quel est l’idéal du Chênois Genève Volleyball ?
Philippe Tischhauser. Avec 17 titres de champion et coupes de Suisse à notre actif, on pense immédiatement à la performance et au classement. C’est important bien sûr, mais pour ma part, je suis également attaché à l’idée de transmission, de relève et de pérennité. Nous nous investissons beaucoup dans la culture de l’encadrement et l’esprit général du club. Mon travail en tant que président va bien au-delà de la gestion. Je m’efforce de perpétuer le prestige sportif du club, mais aussi de donner du sens à ce que nous faisons sans nous limiter au score.
Jean-Baptiste Blazy. L’entraînement est mon métier. Mon parcours personnel, où j’ai souvent été livré à moi-même, m’a amené à admettre -et aujourd’hui défendre- ce que je croyais jadis impossible : la suprématie du collectif sur l’intérêt individuel. Depuis, je m’investis dans cette voie.

Pourquoi Metallover soutient-elle le Chênois Genève Volleyball ?
Daniel Hofmann. Comme c’est souvent le cas dans la vie, c’est une affaire de rencontre. La vision de Jean-Baptiste Blazy nous a séduits, en particulier dans ses parallèles évidents entre le travail d’atelier et celui du terrain de sport. Le management trouve plus de légitimité dans le sens que dans la performance. L’esprit de Metallover se fonde sur cela. Au sein de notre entreprise, nous visons l’épanouissement et l’accomplissement de chacun dans une activité collective motivée par l’idéal de qualité et de service.

En guise de conclusion, quel personnage rêveriez-vous de rencontrer ?
Philippe Tischhauser. Un grand sportif, tel que Karl Lewis ou Roger Federer, pour les interroger sur les ressorts de leurs carrières exceptionnellement longues.
Jean-Baptiste Blazy. Nelson Mandela, pour son combat pour la liberté et sa victoire sur une adversité que l’on pensait impossible à renverser.
Daniel Hofmann. Le maître soufi Cheikh Bentounes, initiateur de « la Journée internationale du vivre ensemble en paix », adoptée à l’unanimité par l’ONU, fixée le 16 mai de chaque année. C’est une personnalité extraordinaire apte à fédérer les hommes de bonne volonté dans l’idéal commun de la paix et de la dignité.

 

 

La force du collectif

 

La précision du geste

 

Édito Daniel et Frédéric Hofmann

Si la réalité restera toujours le grand arbitre de l’aventure humaine, l’accélération du monde en modifie la perception et donne le sentiment d’assister impuissant aux événements qui se succèdent.
On ne pourrait citer meilleur apophtegme que celui de Paul Virilio : « Notre monde est à la fois catastrophique, apocalyptique et merveilleux, il est les deux à la fois. Tout va plus vite, tout est enrichissant et tout est plus dramatique. »
Dans sa critique de la tyrannie de la vitesse, le théoricien de l’architecture prophétisait la terrible influence du virtuel et de l’immédiateté sur nos sociétés et notre rapport à autrui. « Gagner du temps, c’est perdre le monde », dira-t-il.

La crise du Covid-19 et l’actuel conflit russo-ukrainien se sont succédé à une telle vitesse que nous semblons inéluctablement condamnés à en subir les effets paralysants : restrictions des libertés et instauration d’une société du contrôle, hausse du coût de l’énergie et des matières premières, menaces sur notre économie et sur les foyers helvétiques.
Les certitudes de l’Europe de l’Ouest vacillent ; nous avions peu à peu oublié que la promesse de stabilité de l’ère industrielle et du commerce international, dépend elle-même de la disponibilité de l’énergie ; celle-ci se raréfie et il y a là une injonction à s’inscrire dans une réflexion personnelle sur nos habitudes de vie, de consommation et de loisirs.

Pour notre part, responsables d’une entreprise née en 1964, nous n’envisageons à aucun moment de donner le pouvoir aux seules statistiques et aux prospectives.
Oui, la vie économique n’est pas un long fleuve tranquille et nous faisons face d’année en année à des circonstances imprévisibles intervenant sur nos projets, nos prévisions, nos résultats ; mais jamais elles n’atteignent notre volonté de rester maîtres d’une grande partie de notre destin. Tout événement extérieur est une incitation à la réflexion, à l’évolution, voire à l’introspection.

Nous œuvrons au rapprochement des convictions positives pouvant nous aider à agir collectivement sur l’environnement, le bien-être au travail, le sens donné à ce que nous accomplissons, la connaissance. Nous nous appuyons sur les événements extérieurs pour stimuler notre ingéniosité et notre cohésion interne, mais aussi cultiver une relation privilégiée avec nos partenaires et nos clients. La fidélité de ces derniers dépend de notre capacité à résoudre leurs défis techniques ; pour cela, nous refusons la dictature du « vite fait bien fait » et envisageons notre prestation comme un objet destiné à traverser le temps. Notre sablier est subordonné à la substance matérielle et aux heures qu’il faut pour lui donner une forme et une fonction. Et chaque heure passée nous invite à l’observation, à la déduction, à la découverte, et surtout à l’amour du métier.

Daniel et Frédéric Hofmann
Directeurs associés

Nouvelle génération Metallover : abécédaire en cinq lettres

Huit mois après le témoignage de nos collaborateurs historiques, c’est au tour de la nouvelle génération Metallover de répondre à nos questions, sur ce que peuvent représenter tout à la fois, l’artisanat, le métier, les enjeux d’avenir. Fabio, Luca, Alexandre, Rémy, Romain, tous constructeurs métalliques qualifiés, sont arrivés dans le métier par le biais de stages liés à la filière d’apprentissage, ou de l’exemple issu de l’entourage. Nous les avons réunis pour une causerie informelle, où, en cinq mots partagés, ils ont échangé leurs impressions et leur vision.

L comme Liberté
Lorsqu’on les interroge en quoi leur profession et le travail chez Metallover leur correspond, c’est le mot Liberté qui leur vient naturellement aux lèvres, et tout ce qui s’y rattache.
« La construction métallique me donne le la liberté de créer, d’apporter ma touche personnelle, d’aborder des sujets variés, qui me sont utiles également dans ma vie privée. », nous confie Fabio. Pour Luca, c’est la diversité des tâches et des objets, et la liberté de mouvement : « J’aime intervenir de chantier en chantier, collaborer à des projets nouveaux ; c’est la certitude pour moi de me confronter à des défis techniques différents, sur des sites qui présentent chacun leurs particularités. ».

P comme Polyvalence
À la question des acquis dans la profession de constructeur métallique, la polyvalence est unanimement citée : « la construction métallique mène à tout et touche des disciplines variées et interdépendantes, telles que l’électricité, mais aussi le bois et le verre. », confie Alexandre. Rémy, pour sa part, trouve dans son travail un univers répondant à son désir de finitude : « Des prises de cotes à la fabrication, je prends part à un projet complet, concret, qu’avec mes collègues nous faisons naître et à qui nous donnons forme dans une perspective durable, en abordant tous les sujets techniques. ».

F comme famille
« J’ai rejoint une famille. », confie Romain, le dernier venu dans l’équipe. « L’organisation interne de Metallover nous offre un espace de réflexion et une autonomie individuelle si naturels que nous sommes amenés à nous concerter spontanément, à participer avec plaisir à la résolution des difficultés techniques rencontrées par les collègues. Nous enrichissons les projets, ainsi que notre efficacité personnelle, grâce à l’expérience et à l’ingéniosité de tout un atelier. On se sent appartenir à une vraie famille, solidaire. C’est la force de Metallover. ».

A comme avenir
Comment ne pas parler des enjeux d’avenir à ces cinq jeunes professionnels ! Sur la question environnementale : « Metallover travaille depuis très longtemps sur ce thème. Nous héritons de choix faits par nos aînés sur la préférence donnée aux matériaux durables, le recyclage et les méthodes responsables. », précise Rémy, qui aborde également le sujet de la mondialisation et de la concurrence effrénée imposée au marché : « Nous sommes confrontés à une guerre des prix, via la baisse de la qualité chez certains de nos concurrents, notamment étrangers. Chez Metallover, la qualité est sacrée et nous la défendons. Il est fréquent que nous soyons appelés à la rescousse par des clients ayant cédé à la tentation du moins-disant et qui se retrouvent ensuite bloqués par des malfaçons et des promesses non tenues. Nous résolvons les problèmes et les encourageons à payer le prix juste, pour une prestation irréprochable et durable. ».

T comme transmission
La notion de transmission est cruciale dans les métiers artisanaux. À l’unisson, nos cinq constructeurs métalliques nous répondent : « Nous conseillons aux jeunes de suivre une solide formation, quelle que soit la discipline choisie. La maîtrise des acquis et la capacité d’évolution sont des qualités à posséder, mais aussi le courage et la patience ! ».