Un triplex familial et lumineux de plus de 500 m² à New York

L’escalier, pièce maîtresse de cet appartement new-yorkais, a été conçu sur mesure par le Studio Razavi. Il est fait d’acier avec une patine bronze et des finitions en texture bronze qui constituent le fût hélicoïdal de l’escalier, la main courante, mais aussi les gardes corps au niveau supérieur. Légèrement au-dessus des proportions que pourrait encaisser un volume comme celui de cet appartement, l’escalier apporte finalement une perception légère à l’espace.

Loïc Muriel : la voie intérieure

C’est dans le programme de réaménagement des espaces « Aile Jura » de la Bibliothèque de l’université de Genève que l’architecte d’intérieur Loïc Muriel fait aboutir sa réflexion spatiale et fonctionnelle sur la création de 10 oriels, merveilleux petits lieux clos mis à la disposition des étudiant-e-s pour s’isoler.
Metallover a eu le privilège d’en être le constructeur, tout au long d’une passionnante collaboration conceptuelle et technique.
Sept questions posées à notre donneur d’ordre pour comprendre ce magnifique projet plastique.

Metallover. Comment concevez-vous vos interventions en qualité d’architecture d’intérieur ?
Loïc Muriel. Puisqu’il s’agit généralement de repenser une distribution préexistante et d’en rendre heureuses les différentes fonctionnalités, je me consacre à l’habitabilité, la circulation, l’éclairage, le confort d’usage, mais aussi à l’harmonie et la poésie du lieu.
Mon mandat relatif à l’Aile Jura » consistait à faciliter l’accès et la consultation des 150 000 ouvrages que répertorie la Bibliothèque, sur une surface de 4000 m2 divisée en 3 étages et comptant environ 300 places de travail. Une réflexion qui m’a amené à me pencher sur l’hypothèse d’aires individuelles propices à la concentration et à la délectation du savoir.

©Luca Fascini photographe d’architecture

Vous avez donc ajouté dix oriels répartis sur les trois niveaux. Quel a été votre cheminement créatif ?
Il répond aux besoins fonctionnels exprimés ou perçus. Dans ces vastes salles réunissant les étudiants autour de tables communes, j’ai souhaité offrir une alternative intimiste qui soit également un point de repère spatial et une ponctuation esthétique.
J’ai conçu des espaces de verre de 2 m2, architecturés en encorbellement, suspendus au faux plafond et en appuis contre le plancher des mezzanines et les garde-corps clôturant les espaces.
Les parois en verre structurel translucide sont collées et ceinturent deux cadres métalliques invisibles formant le sol et le plafond.

L’inexistence de pièces d’assemblage apparaît comme essentielle dans le résultat final. Comment l’avez-vous rendue possible ?
Nous avons effectivement convergé vers l’idée d’épargner les oriels de tout système d’attache afin d’obtenir une lecture visuelle dénuée de technique et une sensation de bien-être et de flottement.
Cette mission, débutée en 2020 et achevée en 2022, est le fruit d’un formidable travail d’équipe ayant réuni des ingénieurs de talent, un expert du verre aux connaissances remarquables (Glas Trösch), et l’atelier genevois Metallover, dont la compréhension fine du projet, la maîtrise de la matière et l’exceptionnel savoir-faire artisanal ont été déterminants.

Comment avez-vous élaboré la coloration des oriels ?
Je l’ai imaginée sur la base du cercle chromatique de Johannes Itten. En partant des primaires et secondaires, que j’ai nuancées, j’ai composé une grammaire visuelle correspondant au lieu et à la nécessité d’une cohabitation harmonieuse des oriels. Grâce à l’orientation de l’aile Jura, qui est perpendiculaire au lever du soleil, l’on obtient naturellement des variations de tons subtiles, qui confèrent un caractère intangible à l’ensemble.

Il y a en effet un je ne sais quoi de l’univers du vitrail. Quelles ont été vos inspirations ?
Seulement l’inclination à une épure éloignée de toute idée de tendance, mais à destination du bien-être, de la stimulation des sens et dans le cas présent, de la possibilité d’être avec soi-même dans un espace d’étude public.

©Luca Fascini photographe d’architecture

Et l’éclairage ?
Il est assuré depuis les plafonds ; la bibliothèque prévoit l’adjonction de lampes d’appoint sur les tablettes de travail fixées dans les oriels

Comment les étudiant-e-s ont-ils réagi à l’adjonction des oriels ?
Ma proposition reposait sur ce besoin de s’isoler à un moment ou à un autre, au moment de l’acquisition des connaissances. Les oriels ont comblé cette nécessité et ont intégré naturellement le parcours de lecture. D’autre part, leur esthétique, entre autres par la couleur, stimule selon moi la créativité et la soif de savoir.

Maître d’ouvrage : République et Canton de Genève – Direction des rénovations et transformations
Direction des travaux : Pool Ailes , B+S ingénieurs Conseil SA

Loïc MURIEL _ Architecte d’intérieur
À l’issue de ses études, Loïc MURIEL se trouve rapidement aux affaires au sein d’un bureau d’architectes / architectes d’intérieur. Il se spécialise durant sept ans dans le tertiaire et la transformation d’immeubles de bureaux pour des compagnies internationales sur l’ensemble du bassin lémanique.
L’année 2001 est marquée par l’ouverture de sa propre entité et son travail porte une attention ciblée à la spatialité par l’imagerie permettant de conforter le parti architectural recherché propre à chaque nouvelle étude.
Les projets sont majoritairement des transformations ou des rénovations. Ils se doivent d’être variés tout en restant uniques et contemporains. Les travaux sont d’ordres privé ou public. Dès les premières études, l’analyse des lieux permet de reconnaître la valeur patrimoniale de chaque objet et les interventions restent respectueuses du bâti.
La formation d’architecte et d’«infographiste» permet le maintien d’une large autonomie dans les approches et apporte le privilège d’expérimenter de nouveaux champs d’applications. Au fil du temps et des collaborations, les projets s’enrichissent d’expériences, de techniques, de mises en œuvre, voire d’amitiés…
Sa passion pour le mobilier lui offre également la possibilité d’enseigner auprès de jeunes apprentis ébénistes et menuisiers ainsi qu’à des techniciens bois et architectes d’intérieur en formation.

Loïc MURIEL Architecte d’intérieur vsi – asai
Rue de Malatrex 50
1201 Genève
www.loicmuriel.ch
+41 22 344 344 5
info@loicmuriel.ch

Un loft singulier dans une usine historique de Genève

Situé dans le bâtiment qui abritait autrefois le constructeur automobile suisse historique Pic-Pic (Piccard & Pictet), ce loft genevois s’inscrit parfaitement dans la philosophie de l’architecte d’intérieur Peter Kammermann tout en préservant le genius loci, autrement dit l’âme du lieu. Avec singularité, il conjugue raffinement, style industriel et inspirations asiatiques.

« L’architecture est une architecture d’auteur » : Metallover s’entretient avec l’architecte genevois Philippe Meyer

Nos ateliers collaborent depuis plusieurs années avec Philippe Meyer, architecte et théoricien de l’architecture, éditeur, essayiste et designer. C’est inhabituel : pour lui, la capture de l’idée passe par l’écriture, puis le dessin. C’est un privilège que de l’interroger au-delà du projet, sur son appréciation de quelques substrats de l’architecture.

Metallover. Comment définissez-vous l’architecture ?
Philippe Meyer. L’architecture n’est pas une affaire de style. Reflet de son temps, elle ne peut être que contemporaine. La principale question qui demeure est celle de rompre avec la dichotomie architecture et urbanisme. Retrouver le lien indicible entre territoire et contexte, ne pas opposer rupture et continuité.
Échapper à un courant issu du monde de l’image qui, progressivement, fait davantage place au design qu’à l’architecture. Il est très difficile de définir une architecture ou son architecture. On peut définir un mode de faire, une approche. La nécessaire conjugaison d’un lieu et d’un thème.
La relation de cette conjugaison trouve inéluctablement sa traduction dans la matière et sa mise en forme, dans le détail et son expression.
La culture, la curiosité, l’apprentissage, ajoutés au fil du temps, s’inscrivent paradoxalement plus dans une notion de vitesse que de durée. L’impatience augmente avec la connaissance.

D’où vient la sagesse qui permit pendant tant de siècles d’implanter harmonieusement les villages ?
La sensibilité aux éléments environnants, cruciale, a amené les sociétés traditionnelles à la logique et à l’intelligence architecturale fonctionnelle.
Si l’architecture est par définition contemporaine, comme toutes le furent,
elle est aussi l’héritière atavique de savoirs antérieurs qui constituent son socle.

Y a-t-il une recette de la beauté ?
C’est un thème difficile ; la beauté est consubstantielle de l’architecture où il est question d’un travail plastique nécessairement lié à l’harmonie, à l’équilibre, au jeu de proportions ; mais sa véritable beauté se mesure dans son intemporalité.

Dans votre collaboration avec les corps d’état, les mettez-vous au défi ou êtes-vous techniquement consensuel ?
Je cherche à réaliser ce que je conçois et lorsqu’un artisan me répond que ce sera très difficile, je considère que c’est donc possible.
Nous élaborons souvent des projets complexes pour lesquels je demande une fabrication simple, évidente ; je fais confiance aux valeurs et au savoir-faire, mais aussi à l’ingéniosité et au plaisir de développer ensemble.
Il en est de même avec les clients, chez qui je scrute la richesse culturelle, la marque de l’histoire et l’idéal spatial. Je me souviens d’un projet parisien pour la Confédération helvétique, où j’ai appris presque par hasard que l’espace où je devais intervenir recelait onze meubles de Diégo Giacometti. De là, j’ai entièrement revu ma vision pour enrichir le lieu de leur dimension patrimoniale et de leur sacralité, en projetant un mobilier à leur service.

Vous dessinez donc du mobilier. De quoi partez-vous ?
Nous essayons toujours de produire une architecture répondant à un acte culturel, indifféremment de la dimension de l’objet, meuble ou immeuble. Je conçois l’un et l’autre sans faire de différence, la question de l’échelle est secondaire, car elle ne limite pas ma réflexion thématique.
Dans les projets de rénovation, le mobilier se potentialise parfois en élément de continuité du travail d’architecture. Nous le développons alors pour constituer un tout. Lorsqu’il s’agit d’un projet neuf, les meubles sont dessinés en fonction de l’atmosphère et de la matérialité recherchées, mais également de la fonction et du confort attendu. Un meuble doit toujours répondre à sa fonction, car sans cela, il n’est qu’objet.