Metallover et A-Architectes cosignent un lustre spectaculaire pour l’État de Genève

François Joss, architecte associé du bureau A-Architectes et Frédéric Hofmann, directeur associé de Metallover signent à deux mains un lustre sculptural en cotte de mailles, destiné à orner la cage d’escalier principale d’un bâtiment administratif en cours de rénovation au cœur de la Vieille-Ville. Frédéric répond à nos questions sur cette expérience enrichissante faisant interagir la compréhension patrimoniale, le design, la technique, la fonction.

Metallover. Comment ce projet a-t-il pris forme ?
F.H. Dans le cadre d’un mandat de transformation et de rénovation au 6, rue de l’Hôtel-de-Ville, l’architecte François Joss nous a interrogés sur la conception d’un luminaire à placer dans une cage d’escalier/puits de lumière de près de quinze mètres de haut. Dans l’idée des colonnes descendantes en fonte équipant cet immeuble ancien, mais aussi de la colonne sans fin de Brancusi, nous nous sommes assez rapidement concertés sur un lustre tout en hauteur, traversant verticalement l’espace, du plafond jusqu’au sol. Puis, l’éventualité d’une gaine en cotte de mailles est apparue. Notre atelier avait précédemment réalisé une maquette de lampe habillée d’un treillis métallique, qui a immédiatement retenu l’attention de François. Ses croquis ont ensuite donné vie à un objet scintillant, vivant, féérique.  La confiance et l’ouverture d’esprit de Nathalie Mermod, responsable du projet pour le maître d’ouvrage, ont permis de dépasser les limites conventionnelles.

Comment avez-vous développé ce postulat, techniquement ?
La cotte de mailles est une invention militaire extraordinaire qui nous vient des Celtes, et peut-être même plus tôt encore, des Étrusques. Sa souplesse permet une application sur tout type de forme, le plus souvent cylindrique, par facilité. Poussant l’analogie avec les colonnes de fonte de l’immeuble, nous avons maquetté un bâti de section carrée, que la cotte de mailles a très élégamment habillé. La structure étant conçue, il nous restait à mettre au point l’éclairage.

Étudier l’éclairage, mais également les aspects techniques liés à l’installation et à l’entretien ?
En effet. Nous avons pris en compte les caractéristiques dynamiques du projet telles que le poids, la suspension, la déformation, la résistance. Mais c’est paradoxalement la réflexion sur le changement des ampoules qui a conditionné la mécanique d’ensemble. La gaine en cotte de mailles doit pouvoir être « affalée », pour donner accès à la partie électrique. Nous avons résolu la question en imaginant un système de poulie actionnable depuis le grenier.
Pour ce qui est de la répartition de l’éclairage, nous avons fait plusieurs tentatives insatisfaisantes, avant de trouver une astuce qui allait permettre un effet de scintillement magnifique : c’est en torsadant deux bandes LED que la magie opère et crée l’unité lumineuse du haut en bas de la suspension.

Quelles impressions tirez-vous de cette nouvelle expérience ?
L’objet, c’est la finalité, bien sûr. Mais, ce qui a rendu ce projet passionnant, c’est le pouvoir jubilatoire exercé par l’interaction du design, de la technique et de la sensibilité patrimoniale nécessaire à l’embellissement contemporain d’un immeuble classé. Au-delà de la créativité et de la maîtrise spatiale de François Joss, de la compétence des équipes Metallover et de mon apport en direction artistique, ce que je retiendrai, c’est l’immense privilège d’avoir pu enchanter un espace public.